SYNTHÈSE DES ENGAGEMENTS DES CANDIDATS

Le 12 septembre dernier s'est tenu un débat électoral organisé par la Table de concertation des aînés de l'île de Montréal (TCAÎM) et la Coalition pour le maintien dans la communauté (COMACO) dans le cadre des élections provinciales. Les candidats des quatre partis politiques représentés à l'Assemblée nationale y ont débattu sur six thématiques qui concernent de près les citoyens aînés montréalais. Nous vous présentons ici un bref résumé du débat*.
En prévision des élections provinciales du 1er octobre prochain, la TCAÎM et COMACO ont convoqué les partis politiques provinciaux à un débat portant sur 6 enjeux cruciaux pour la qualité de vie des aînés en milieu urbain:
Mobilité
Habitation
Alimentation
Proche aidance
Isolement
Financement des organismes communautaires |
L'objectif de l'activité était d'obtenir des engagements concrets de chacun des partis politiques pour que les citoyens aînés de Montréal puissent exercer leur droit de vote de façon éclairée le 1 er octobre prochain. Chacune des questions a été identifiée, réfléchie et rédigée en collaboration avec des organismes aînés, membres des réseaux de la TCAÎM et de COMACO. Plus d'une centaine de représentants d'organismes-membres accompagnés de citoyens aînés étaient présents dans la salle. De plus, l'activité était filmée et diffusée sur le web. Vous pouvez d'ailleurs visionner le débat ici >>>
Les candidats présents étaient

Après un mot de présentation de chacun des candidats, ceux-ci étaient invités à répondre à la 1ère question qui fut posée par Mme Johanne Demeestere, résidente des Habitations Nouvelles Avenues.
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« Quelles sont les mesures concrètes que votre gouvernement s'engage à prendre pour les 4 prochaines années pour améliorer l'accessibilité au logement subventionné pour les personnes aînées en situation de vulnérabilité résidentielle ? » |
Carole Poirier était la 1ère à répondre. Pour elle et son parti, le PQ, il est crucial de rétablir l'enveloppe financière du programme Accès-Logis pour permettre, au total, la création de 5 000 logements sociaux au Québec.
De son côté, Louise Beaudry et son parti, QS, appuient la position du FRAPRU, soit la création de 50 000 logis. Elle rappelle aussi la loi adoptée à l'Assemblée nationale déposée par Françoise David afin d'empêcher l'éviction d'aînés de leurs logements. Finalement, elle a insisté sur l'importance du logement social pour contrer l'isolement des aînés.
La CAQ et son représentant, Mario Laframboise, promettent de livrer le nombre d'unités qui étaient initialement prévues par le PLQ, mais qui n'ont pas été construites, soit 16 000 unités. De plus, le programme, méconnu, d'allocation-logement sera d'abord publicisé et indexé.
Pour terminer sur cette question, David Birnbaum du PLQ a rappelé qu'actuellement c'est 38 % du budget des programmes d'habitation qui est dédié aux aînés. Il termine d'ailleurs en lançant : « on ne peut pas attendre 25 ans pour les résidences de François Legault ».
La 2e question était posée par Marjorie Northrup du Centre d'action bénévole de Montréal :
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« Selon une étude de L'IRIS, le tiers des femmes ainées vivant seules au Québec subsistent autour du seuil de la pauvreté. Leur revenu se situe autour de 1 250 $ par mois. Aux popotes roulantes, nous avons remarqué que ces personnes ne peuvent pas se payer la popote roulante, même si la perte d'autonomie rend ce service nécessaire. Que ferait votre gouvernement pour pallier à cette triste situation ? » |
Première à se prononcer, Louise Beaudry a précisé que son parti croit à la nécessité d'offrir un accès à des produits alimentaires de base à un coût raisonnable et compte octroyer des fonds suffisants aux organismes communautaires qui œuvrent sur la question de la sécurité alimentaire. Elle ajoute en définitive que son parti souhaite aussi instaurer des mesures qui permettront éventuellement à améliorer la santé financière des citoyens, comme un régime public universel de retraite accessible à tout le monde. Bref, veiller « […] à ce que les prochaines personnes aînées n'aient pas à vivre dans la précarité ».
Carole Poirier, rappelle que les déserts alimentaires représentent véritablement un enjeu urbain. Solution : développer des serres sur les toits de bâtiments commerciaux et industriels pour développer la filière en économie sociale qui s'intéresse à la production maraichère urbaine et ainsi travailler à assurer la sécurité alimentaire des aînés. De plus, le PQ propose d'octroyer un chèque de 350 $/an aux personnes dont le revenu est de moins de 35 000 $ annuellement.
Pour œuvrer à la lutte à la pauvreté et incidemment travailler à assurer une sécurité alimentaire, David Birnbaum annonce que les soins dentaires pour les personnes vulnérables, dont les aînés, seront gratuits, parce que « […] pour bien manger, il faut être en santé ». Il ajoute qu'il est crucial pour lui que les menus dans les CHSLD soient adaptés aux besoins et aux goûts des usagers.
Finalement, Mario Laframboise réitère qu'il faut aider les organismes, notamment ceux qui offrent des services de popotes roulantes. Pour cela, il n'y aura plus de financement par projet pour les organismes communautaires, mais plutôt un financement à la mission. Les paramètres de ce financement restent toutefois à être discutés et débattus après les élections.
Marie-Claude Lareau de la TCAÎM pose la 3e question du débat qui porte sur la question de la mobilité des aînés :
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« Quelle est votre vision du rôle et de la responsabilité du réseau de la santé et du ministère des Transport pour que ceux-ci fassent leur juste part pour répondre au besoin de mobilité grandissant des personnes aînées, notamment par rapport à l'accompagnement-transport pour motif médical ? » |
L'enjeu de la recherche de bénévoles pour les organismes qui offre un service d'accompagnement-transport est au cœur des préoccupations du PQ. Ces organismes seront donc mieux soutenus financièrement. Autre mesure prévue : investir 500 millions de dollars pour les soins à domicile. À cet effet, le PQ rappelle aussi qu'il y a eu 500 000 heures de soins à domicile coupées par le PLQ.
Au PLQ, on propose la gratuité des transports collectifs pour les aînés en situation de vulnérabilité. De plus on mise aussi sur l'aide aux proches aidants afin que ceux-ci puissent offrir cet accompagnement à leurs proches. Finalement, le stationnement dans les hôpitaux sera gratuit pour les proches aidants.
À la CAQ, on affirme qu'on va réfléchir à l'idée que le service d'accompagnement-transport pour motif médical sera inclus au panier de services communautaires dont le financement sera bonifié. Aussi, la CAQ souhaite s'attaquer aux coûts de stationnement dans les établissements de santé.
Pour terminer sur cette question, QS propose de réduire de 50% le coût des transports en commun pour tout le monde. Aussi, leur représentante affirme l'intention du parti d'augmenter le financement des organismes qui donnent ce service.
Pour entament la seconde partie de l'activité, c'est Mélanie Perroux du RANQ qui pose la 4e question qui porte sur la proche aidance :
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« Une fois élu(e), qu'elles seraient vos actions pour réellement soutenir tous ceux qui prennent soin, nuit et jour et sans vacances, de la population la plus vulnérable du Québec, de manière à réduire leur épuisement et leur appauvrissement? » |
Mario Laframboise est le premier à se prononcer. Il affirme que son parti, s'il est élu, va adopter une politique nationale sur les proches aidants. D'ici 2022, le crédit d'impôt provincial sera doublé et que le fonds de soutien aux proches aidants sera maintenu après 2021. Finalement, un observatoire de la proche aidance sera créé.
Carole Poirier propose 8 heures supplémentaires de répit pour les proches aidants. De plus, elle souhaite travailler au développement et à l'implantation d'un projet de logements supervisés où les personnes malades pourront continuer de vivre avec leur conjoint. Des logements où il y aura des services à la fois pour la personne malade, mais aussi pour le proche aidant. Finalement, implanter partout au Québec le projet pilote actuellement disponible dans l'est de Montréal où il y a un accompagnement à la maison pour les familles qui accompagnent un proche en fin de vie.
Louise Beaudry propose de ramener le système d'auxiliaires familiales. De façon plus générale, donner les ressources de proximité nécessaires au vieillissement dans la collectivité.
Sans s'y engager, David Birnbaum est d'accord avec l'implantation partout au Québec du projet pilote qui n'est pour l'instant que disponible dans l'est de Montréal sur l'accompagnement, à domicile, pour les aînés en fin de vie.
L'avant-dernière question du débat est présentée par André Guérard de l'Association québécoise des centre communautaires pour aînés :
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« Advenant l'élection de votre parti, comment votre gouvernement compterait améliorer, voire assurer, la pérennité du programme ITMAV puisqu'actuellement, les groupes porteurs de ces projets n'ont aucune idée en ce qui concerne la reconduction de leur financement après le 31 mars 2019 ? Peut-on espérer qu'une indexation serait octroyée aux organismes qui portent ces initiatives ? » |
Carole Poirier souligne l'expertise et le travail des organismes communautaires qui œuvrent à sortir les aînés de leur isolement. Pour cela, son parti compte mettre fin au mode actuel de financement : financement par projet « novateur; les organismes communautaires réalisent déjà, dans le cadre de leur mission, des projets novateurs ». Donc, comme ses homologues de la CAQ et de QS, le PQ va mettre fin au financement par projet. De plus, tout comme la CAQ le propose, implanter le programme PAIR partout au Québec. Elle termine en soulignant la situation des aînés immigrants qui vivent aussi de l'isolement et que, par conséquent, il faut adapter l'offre de service à cette importante frange de la société.
David Birnbaum rappelle que les ITMAV sont une création du PLQ et qu'il y a actuellement 52 de ces intervenants au Québec. De plus, 30 ITMAV supplémentaires (ce qui représente un investissement de 5,5 millions) ont été annoncées pour la prochaine année. Au passage, faisant référence aux promesses de la CAQ, il rappelle qu'il n'y actuellement pas de « gouvernement de Marguerite Blais ». Finalement, il mentionne que l'isolement affecte aussi les aînés québécois de langue anglaise et qu'à ce sujet, silence radio de M. François Legault.
Mario Laframboise réitère que les organismes communautaires dédiés à briser l'isolement des aînés verront leur financement bonifié. Voulant souligner la qualité du travail et de la gestion des organismes communautaires, M. Laframboise affirme : « Qualité-prix, vous êtes les meilleurs au Québec »…formule qui a fait jaser dans la salle.
Louise Beaudry souhaite que les organismes communautaires qui veillent à contrer l'isolement des aînés aient moins de reddition de compte à faire. Elle réitère la position de son parti par rapport au financement à la mission de ces organismes.
Pour terminer le débat, Josée Roy de COMACO pose une question-synthèse qui porte sur le financement des organismes communautaires dédiés aux aînés :
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« Que fera votre gouvernement pour soutenir financièrement et de façon récurrente les organismes communautaires du maintien dans la communauté ? » |
À cet effet, Carole Poirier revient sur l'annonce de son parti sur le souhait de ce dernier de financer à la mission les organismes communautaires et d'indexer ce financement en fonction du coût de la vie et du « coût de système que vivent les organismes communautaires ». De plus, elle indique que son parti compte développer un programme visant à accompagner et faciliter l'acquisition, pour les organismes communautaires, de leur bâtiment et ainsi contribuer à assurer leur pérennité. Aussi, elle propose un programme visant à compenser financièrement les stagiaires qui œuvrent sans rémunération dans des organismes communautaires. Finalement, la création d'un régime d'assurance collective pour les employés du milieu communautaire.
De son côté, David Birnbaum rappelle qu'en tant que gouvernement, il faut être conséquent et c'est pour cela que le budget du PSOC est actuellement de 17 millions et qu'une indexation est prévue pour la prochaine année. Lors de son droit de réplique, M. Birnbaum, faisant référence aux différentes promesses de financement des organismes communautaires, qualifie de «pelletage de nuage » la position de QS à cet égard.
Mario Laframboise revient sur son engagement phare du débat : mettre fin au financement par projet et instaurer un financement à la mission dont les critères et modalités seront discutés lors de consultations après les élections advenant que la CAQ forme le gouvernement.
Finalement, Louise Beaudry affirme que la position de son parti est d'instaurer un financement de base récurent. L'objectif est de consolider le financement et l'action des groupes, et ce, sans miner l'autonomie de ceux-ci. À la grandeur du Québec, c'est 250 millions de dollars dès le premier mandat que s'engage à injecter QS. À son deuxième mandat, 495 millions de dollars annuellement. Mme Beaudry termine en affirmant que ce n'est pas aux fondations de dicter les priorités gouvernementales; même son de cloche du côté de Carole Poirier.
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En espérant que cet exercice puisse contribuer à outiller les citoyens montréalais intéressés et engagés à l'amélioration de la qualité de vie des aînés à faire un choix le 1er octobre prochain !
Vous souhaitez poursuivre votre recherche d'informations sur le sujet ? Voici les plateformes sur les enjeux aînés respectives des 4 partis politiques présents au débat :
Parti Québécois >>>
Parti Libéral du Québec >>>
Coalition Avenir Québec >>>
Québec Solidaire >>>
Et n'oubliez pas, le 1er octobre, on vote et on célèbre la Journée internationale des aînés !

* Il s'agit ici d'un résumé du débat et non d'un verbatim; nous avons relevé dans le présent texte les engagements et propos des candidats qui répondaient directement aux questions posées. Une vérification des faits n'a pas été systématiquement réalisée.